L’Échange de données informatisées (EDI), autrement dit « la transmission de données structurées entre organisations par des moyens électroniques
», cet échange semble aujourd’hui naturel… Mais à l’instar de la
découverte de la marche pour le très jeune enfant, le transfert de
documents électroniques ou de données d’entreprise d’un système
informatique à un autre fut une des problématiques des premiers pas de
l’informatique !
Contribution d’Yves Sarrot
Consultant pendant 11 ans avant de rejoindre Rhône Poulenc
pour diverses missions de direction de services ou de projets.
Dans les années 90, il a assuré la représentation de Rhône-Poulenc auprès de divers organismes (CIGREF, Cefic, UIC, EEMA, ..).
Plus récemment, il a dirigé le déploiement mondial du nouvel ERP de Rhodia basé sur SAP.
Il est actuellement consultant indépendant.
Consultant pendant 11 ans avant de rejoindre Rhône Poulenc
pour diverses missions de direction de services ou de projets.
Dans les années 90, il a assuré la représentation de Rhône-Poulenc auprès de divers organismes (CIGREF, Cefic, UIC, EEMA, ..).
Plus récemment, il a dirigé le déploiement mondial du nouvel ERP de Rhodia basé sur SAP.
Il est actuellement consultant indépendant.
Il est toujours intéressant de se trouver
au début d’une histoire, ou d’un mouvement qui se crée. J’ai eu la
chance de participer dès 1989 aux discussions préliminaires à la
création d’Edifrance, puis à son fonctionnement pendant quelques
années. Mon rôle a été certes plus modeste que celui des grands
fondateurs, mais la participation au Bureau et la présidence de la
Commission Intersectorielle m’ont donné un point d’observation
intéressant sur la vague EDI qui se formait.
L’objectif poursuivi par l’EDI (Electronic Data Interchange)
était de faciliter le développement commercial à moindre coût et à
moindre délai en utilisant des échanges électroniques automatiques entre
ordinateurs.Cela supposait de régler quelques questions majeures, la principale étant que des ordinateurs doivent « se comprendre » sans intervention humaine. Les questions les plus simples pour l’humain peuvent devenir de petits casse-têtes pour les ordinateurs. Quelques exemples l’illustrent :
- Comment exprimer une date de livraison souhaitée ? an/mois/jour ou jour/mois/an ? comment intégrer une heure de livraison, ou une plage de disponibilité sur un seul jour ou sur plusieurs jours ? Il est facile à chacun de définir un choix, mais que faire si ces choix ne sont pas les mêmes pour tous ?
- Pour les distributions de fluides, il est fréquent qu’on ait à préciser qu’il faut un tuyau de raccordement ayant une taille minimale pour accéder à la cuve du client. Un commentaire manuscrit fait l’affaire, mais comment un ordinateur s’y retrouve automatiquement ?
- Au-delà de la définition de chacun de ces termes et concepts dans des champs définis en nature, longueur, codification, … comment structurer l’ensemble dans un message qui permettrait de donner ses informations, sans pour autant en faire un objet très complexe pour ceux qui n’ont pas tant de soucis ?
Des organisations sectorielles ont commencé
ces travaux dans les années 80, et la communauté internationale se
souciait d’harmoniser l’ensemble. La norme ANSI X12 se développait aux
USA, et une branche de l’ONU a lancé le développement de la norme
EDIFACT en 87 avec un objectif d’universalité.
La situation en France en 1989Quelle était la situation pour les acteurs français ?
- Certains secteurs étaient déjà impactés dans leurs échanges internationaux avec les pionniers de l’EDI ou voulaient profiter du mouvement. Des groupements étaient déjà actifs sur le sujet (GALIA pour l’automobile, GENCOD pour la distribution, EDICONSTRUCT pour le bâtiment, et quelques autres.. )
- Le CIGREF, par son rôle central dans les grandes entreprises était conscient de la nécessité d’avoir une action spécifique en France, pour la promotion et l’harmonisation des échanges électroniques.
- L’AFNOR, affiliée à l’ISO, voyait l’intérêt de participer à la normalisation des échanges, en impliquant les acteurs français.
- L’administration a aussi pris conscience que d’une part il fallait soutenir ce mouvement pour l’industrie française, et que d’autre part qu’il était aussi possible d’utiliser l’EDI dans l’administration.
La naissance d’EDIFRANCE
EDIFRANCE est donc née en 1990, assurant son double rôle de promotion et de contribution à la normalisation. A mes yeux, ce rôle a été très utile. D’une part, il a donné de la visibilité et une sorte de consécration à l’EDI ; OUI, cette technique se développe et est utile ; OUI vous pouvez être impactés, par exemple par vos grands clients qui vont vous pousser à automatiser vos circuits de commande, livraison, facture, avec parfois la menace de vous exclure du marché si vous ne suivez pas ; OUI il y a des choses intéressantes à faire et des gains à réaliser dans ce domaine. D’autre part, il a largement contribué à développer les messages EDI et à promouvoir des standards compris par tous.
Le chemin n’a pas été toujours facile
La promotion est une œuvre de longue haleine, et les projets EDI restaient des actions lourdes, coûteuses et longues. Normaliser ses données, créer des accès automatiques aux programmes de prise de commandes et garder la sécurité des systèmes, accélérer les processus de prise de commande, mais éviter qu’une erreur dans un message ne lance des ordres de production inconsidérés, …. tout cela demandait de la réflexion et des développements informatiques couteux, avec une modification de l’organisation.
Le travail de normalisation était aussi complexe ; les contributions françaises devaient intégrer les besoins de tous les secteurs d’activité, et se retrouvaient ensuite confrontées à toutes les autres propositions internationales. De plus, la définition de normes, de messages, de codes, de champs, … est un peu fastidieuse. Par ailleurs, les besoins évoluent, ce qui nécessite qu’une norme idéalement stable évolue pas mal. La technique aussi évolue, et offre de nouvelles possibilités. On fait sans doute plus de buz avec ebXML qu’avec EDIFACT.
Le financement est aussi un problème. Edifrance demandait une cotisation raisonnable et du temps de volontaires. Une fois le premier enthousiasme passé, les directions financières ont parfois demandé des justifications de plus en plus exigeantes. Après une période de contribution, Rhône-Poulenc s’est un peu mis en retrait, et je n’ai pas suivi le reste de l’aventure. J’ai noté qu’Edifrance s’était dissoute il y a quelques années, en particulier pour des questions de ressources et financement, peut-être aussi des désaccords de personnes. Je pense cependant que les participants du début ou plus récents peuvent être satisfait du chemin parcouru.
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Pour une analyse plus approfondie de la situation en 1992, lire : le chantier EDI de la nouvelle entreprise.
http://www.histoire-cigref.org/blog/les-debuts-de-l-edi-en-france-a-travers-edifrance/
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