A lire sur: http://www.decideur-public.info/article-byod-et-les-nouveaux-defis-it-poses-par-l-utilisateur-yann-pradelle-fortinet-109741041.html
Mardi 4 septembre 2012
L’évolution du Bring Your Own Device (BYOD ou Apportez Votre Propre Appareil en français)
est aussi profonde que rapide.
Cette tendance montre de toute évidence que les frontières entre vie
personnelle et vie professionnelle deviennent de plus en plus floues.
Travailler 35 heures, uniquement depuis son lieu de
travail, est devenu un modèle archaïque : de plus en plus de
personnes effectuent des heures supplémentaires et travaillent depuis
différents endroits y compris depuis leur lieu de travail,
à l’extérieur, pendant leur trajet, et de la maison. Nous vivons
dans un environnement de travail véritablement global, 24h/24 et 7
jours/7, et il n’est pas surprenant de recevoir des emails
professionnels tard dans la soirée.
L’essentiel
de cette évolution se traduit par la possibilité d’accéder aux réseaux
d’entreprises de
n’importe où, n’importe quand. La gamme d’outils qui permet cette
connectivité constante est devenue plus puissante, avec les ordinateurs
portables, tablettes et smartphones qui permettent
d’accéder à un panel d’applications d’entreprises et de
communications, tandis que le cloud computing étend efficacement le
bureau hors du bureau.
L’avantage
du BYOD, dont on entend le plus parler, est une plus grande
productivité. Toutefois, une
recherche récente a indiqué que cela pourrait être en fait le grand
mythe du BYOD, la réalité étant que le BYOD en pratique pose de nouveaux
défis de sécurité qui pourraient
l’emporter sur les avantages, si cette pratique n’est pas dûment prise en compte par l’organisation.
Une
étude mondiale commanditée par Fortinet, spécialisé dans la sécurité
réseau haute performance, a
examiné les attitudes à l’égard du BYOD et la sécurité du point de
vue de l’utilisateur plutôt que du responsable IT. L’enquête, menée dans
quinze pays, est focalisée plus particulièrement sur
les salariés actifs disposant d’un diplôme universitaire ou
équivalent âgés de 20 à 29 ans. Ce groupe représente la première
génération à entrer dans l’entreprise avec une compréhension et des
attentes en matière d’utilisation de son propre appareil mobile. Ils
sont également les influenceurs et décideurs de demain.
Les
résultats de l’enquête s’adressent à la fois aux responsables de la
sécurité des réseaux, ainsi
qu’aux directions stratégiques responsables de la question de
l’adoption du BYOD par l’entreprise. On peut s’attendre à ce que les
grandes organisations aient en place des politiques et
stratégies IT matures. Mais qu’en est-il des petites entreprises qui
n’ont sans doute pas de stratégies aussi bien développées et pour qui
la culture du BYOD pourrait déjà être implantée dans
l’entreprise ? Devraient-elles être inquiètes par le comportement et
les attitudes de leur personnel, surtout les plus jeunes salariés ?
A
noter que dans ce groupe de jeunes salariés, le BYOD est considéré
comme un droit plutôt qu’un
privilège, avec plus de la moitié (55%) des personnes souhaitant
être autorisées à utiliser leurs propres appareils au travail ou à des
fins professionnelles. Avec ce niveau d’attente, le
véritable risque est que les salariés ignorent la politique de
l’entreprise interdisant l’utilisation des appareils personnels. Plus
d’un tiers (36%) des sondés ont ainsi admis avoir, ou seraient
prêts à transgresser un telle politique. Cependant, cette dernière
statistique, aussi inquiétante soit-elle, varie en fonction des pays, et
positionne l’Inde comme étant le territoire le plus
risqué. Il est surprenant de constater que 66% des sondés en Inde
soient prêts à transgresser la politique de l’entreprise.
La
menace posée par ce niveau de subversion ne saurait être trop
soulignée. Par exemple, les personnes
sont de plus en plus technophiles et capables de configurer leurs
propres smartphones pour accéder aux emails professionnels sans l’aide
des départements informatiques. Mais, avec l’OS Android,
qui fait face à une très forte croissance en matière de logiciels
malveillants, et avec des utilisateurs de smartphones accédant aux
réseaux sociaux tels que Facebook (environnement de plus en
plus dangereux), on peut aisément comprendre où se situent les
menaces.
L’enquête
jette un doute sur l’idée que le BYOD conduit à une plus grande
productivité en dévoilant
les réelles motivations des jeunes employés à la pratique du BYOD.
Seulement 26% des personnes interrogées dans cette catégorie d’âge
citent l’efficacité comme la raison pour laquelle ils veulent
utiliser leurs propres appareils, alors que 33% admettent que la
principale raison est qu’ils aient accès à leurs applications préférées.
Mais, avec les applications personnelles à portée de
main, les risques pour l’entreprise incluent certainement la
distraction et la perte de temps. Pour étayer cette hypothèse, 46% des
sondés reconnaissent la perte de temps comme la plus
grande menace pour l’organisation, et 42% y voient une plus grande
exposition aux menaces IT malveillantes et le vol ou la perte de données
confidentielles. Pourtant, même avec de tels
inconvénients, seulement 27% pensent que les risques l’emportent sur
les avantages pour leur organisation.
De
toute évidence, d’un point de vue utilisateur, il y a une grande part
de contradiction autour
du BYOD et une sorte d’égoïsme dans lequel les utilisateurs
s’attendent à utiliser leurs propres appareils, mais surtout dans un
intérêt personnel. Ils reconnaissent les risques pour
l’organisation mais sont convaincus que les risques valent la peine
d’être pris.
Donc,
qu’en est-il de la responsabilité? C’est une question clé pour toute
entreprise qui envisage une
politique gouvernant le BYOD, car le défi pour l’organisation est de
mettre en place des mesures de sécurité pour assurer une intégration
sécurisée des appareils personnels. Mais pour cela, il
faut la coopération du propriétaire de l’appareil. L’enquête
Fortinet suggère que gagner la coopération et le respect des salariés
pourrait s’avérer plus difficile à obtenir qu’il n’y
parait.
Deux
tiers (66%) des personnes interrogées se considèrent elles-mêmes être
finalement
responsables de la sécurité de leurs propres appareils, et seulement
22% pensent que c’est l’entreprise qui est responsable. Bien que les
propriétaires soient plus heureux d’utiliser leurs
propres appareils dans l’environnement du travail, ils pourraient
être très réfractaires à ce que l’organisation mette des limites sur
l’utilisation ou intervienne sur leurs appareils
personnels pour installer des mesures de sécurité.
La
pleine mesure de ce délicat équilibre auquel fait face l’organisation
est finalement dévoilée avec
le fait que près d’une personne sur cinq envisage de ne pas utiliser
leurs propres appareils s’ils sentent que les systèmes de sécurité de
l’organisation sont vulnérables au point de poser un
réel risque envers leurs propres données personnelles. Du point de
vue de l’utilisateur, le BYOD est une pratique qui s’aborde sous ses
propres conditions.
Le
BYOD n’est pas prêt de disparaitre. Alors que l’enquête de Fortinet
contrebalance la croyance largement répandue
que le BYOD est surtout bénéfique aux entreprises en mettant en
avant certains défis de sécurité clés, elle montre également que les
organisations doivent aborder la question au plus tôt si
elles veulent bénéficier de tous les avantages d’une pratique contre
laquelle elles auront beaucoup de mal à résister. Avec des
utilisateurs disposés à adopter des stratégies subversives
pour l’usage de leurs propres appareils mobiles, l’organisation doit
assurer le contrôle de son infrastructure IT dès que possible. Le moyen
le plus efficace de le faire est de sécuriser l’accès
entrant et sortant au réseau d’entreprise et ne pas seulement
implémenter la gestion des terminaux mobiles (Mobile Device Management).
Il serait dangereux de se fier à une seule technologie pour
relever ces nouveaux défis de sécurité. La stratégie à entreprendre
est le contrôle précis sur les utilisateurs et les applications, au-delà
des appareils.
Yann Pradelle, vice-président régional Europe du Sud et Afrique chez Fortinet
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