mercredi 30 novembre 2011

Repenser l'entreprise autour d'un circuit d'information collaboratif

25/11 | 08:20 | Julie Le Bolzer 

L'entreprise fait face à des contraintes inédites. Complexité des marchés et de la concurrence, nouvelles technologies, arrivée dans les équipes de la fameuse génération Y... Autant de mutations qui appellent une transformation de l'organisation et du management.

Comment rester compétitif et améliorer les performances, dans le cadre d'une économie en mouvement perpétuel Comment intégrer la nouvelle donne technologique, à l'heure où l'outil numérique fait se chevaucher vie professionnelle et vie personnelle ? Comment accueillir la génération Y, ce cortège d'enfants de la globalisation - avec moyenne d'âge de 25 ans, ils représentent 25 % de la population active -qui vont composer les rangs de l'entreprise de demain et s'avèrent radicalement différents de leurs aînés : ils ne peuvent être « coulés » dans le moule du management traditionnel, et déstabilisent les DRH avec leurs revendications d'individualisation, leurs exigences éthiques et leur virtuosité informatique. Ces « digital natives » ont un rapport nouveau à l'information et la formation basé sur l'instantanéité, un fonctionnement affinitaire par réseau, une prévention à l'encontre des schémas hiérarchique verticaux, en silos...
« C'est aujourd'hui que se jouent les vingt prochaines années, souligne Jean-Marc Le Gall, conseil en stratégies sociales. Mais les salariés français n'ont majoritairement pas le sentiment d'une communauté de destin partagée avec leurs dirigeants. » Ce basculement est l'occasion pour l'entreprise, si elle veut devenir « contemporaine », innovante, performante et responsable, d'opérer une réforme ambitieuse.

Informer et former en réseau

« L'entreprise de demain doit fonctionner en mode ouvert, insiste l'essayiste Hervé Sérieyx. Il est indispensable de manager autrement, d'atteindre une gouvernance où toutes les décisions ne sont plus prises par la seule hiérarchie, mais où nombre d'entre elles le sont en communauté. »
Divers outils se posent comme les vecteurs de cette métamorphose, à commencer par les réseaux d'échanges réciproques de savoir (RERS). Initié en 1971, à Orly (Val-de-Marne), par une institutrice, Claire Héber-Suffrin, le premier RERS fut expérimenté en milieu scolaire, puis développé dans le monde associatif, avant de faire son entrée en entreprise, en 2006, à la direction du courrier du Groupe La Poste.
Autre exemple d'outils permettant la mutation managériale et la transversalité, les réseaux sociaux d'entreprises (RSE), qui se développent aussi bien dans les grands groupes que dans les PME et les organisations publiques, pour doper la créativité interne et multiplier les partenariats externes. Alors que le marché du logiciel est en plein essor, à chaque société de définir la finalité de sa plate-forme : amélioration de l'efficacité de l'organisation chez Danone, point d'orgue d'une politique de partage chez Alcatel-Lucent, optique de veille chez GDF Suez, RSE orienté métiers chez BNP Paribas...

Dépasser la guerre des talents

« Face à l'accroissement du volume de données à traiter, le RSE permet une meilleure gestion des contenus, remarque Martin Duval, PDG fondateur de Bluenove, leader français des services d'open innovation qui, depuis sa création en 2008, a réalisé - auprès d'une trentaine de clients -plus de 70 projets (déploiement de solutions collaboratives, animation de communautés externes...). Face à la globalisation, il permet de connecter des équipes basées en Inde au Brésil ou de Marseille à Lille. Et, face à la guerre des talents, il permet de partager les codes des nouvelles générations. »
Les fonctionnalités d'un RSE ? Annuaire, constitution de groupes de travail ou de loisir, messagerie instantanée, moteur de suggestion de mise en relation... Autant d'instruments facilitant le partage communautaire mais qui, aux yeux de certains, comportent trop d'obstacles. Dans des secteurs où l'information relève parfois du « secret-défense », libérer la parole des salariés peut sembler incompatible. La sécurité ? « Un faux problème, estime Martin Duval. Utiliser ces plates-formes et envoyer un mail à dix personnes comportent le même niveau de risque. » Autre objet de crainte : la baisse de productivité. « Hors sujet !, juge Hervé Sérieyx. Les réseaux permettent avant tout de partager les connaissances des salariés en interne. » Principal frein, donc : l'immobilisme des directions, pas encore disposées à entrouvrir leurs bastions hiérarchiques...
JULIE LE BOLZER
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/dossier/0201761056189/0201761346653-repenser-l-entreprise-autour-d-un-circuit-d-information-collaboratif-254129.php
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire