Par Renato Martinelli 30 janvier 2012
S'associer à une entreprise sociale permet de
s'ouvrir et d'innover plus facilement. Mais pour que cela soit
véritablement efficace, il faut que les différentes parties arrivent à
dépasser toute logique concurrentielle.
Entretien avec Anne-Laure Buisson, avocate, ex-partner chez Bird and Bird.
L’Atelier : Les entreprises se tournent de plus en plus vers le social business. Quelles sont les raisons de cette tendance ?
Anne-Laure Buisson : Les enjeux sont multiples. Il s’agit d’abord
d’innover et l’entreprise a besoin d’innover pour vivre. L’entreprise se
sent de plus en plus citoyenne. Même en restant sur son métier, elle
fait évoluer ses façons de travailler pour répondre à des besoins
sociaux. Développer le social business est donc un accélérateur et de
prise en compte de problématiques plus larges que l’entreprise
classique. Cela lui permet par ailleurs d’intégrer plus largement son
écosystème, et d’interagir avec celui dans lequel elle se développe afin
d’élargir la prise en compte des parties prenantes, d’en intégrer de
nouvelles. Enfin, le social business a un impact sur ses performances
sociales et environnementales. D’ailleurs, l’entreprise à des
obligations en la matière, par exemple vis-à-vis de la RSE.
Comment rendre leur action efficace ?
Une entreprise a plusieurs possibilités pour intégrer du social
business à son activité. Schématiquement, j’ai observé deux méthodes :
Soit un développement en interne, en travaillant sur les métiers et
l’identité de l’entreprise. C’est le cas de DDB Share par
exemple. L’autre possibilité est de se rapprocher d’un social business
existant, de construire une joint-venture.C’est le cas par exemple de la
joint venture entre Danone et la Grameen Bank au Bangladesh ou encore d’Ares et Norbert Dentressangle. Dans les deux cas, le rapprochement est plus efficace lorsqu’il est en rapport avec son métier.
Ce qui est vraiment important, c’est de collaborer, de sortir de la
logique classique du rapport de force. Ces partenariats se font entre
des acteurs de taille, de poids économique différents, avec des
histoires et des valeurs différentes. Mais pour que ce soit plus
efficace, il est important que les acteurs entrent en discussion et se
parlent comme des alter-égos. Je conçois d’ailleurs mon rôle d’avocat
comme celui d’un avocat commun, d’un médiateur, et non comme le
défenseur des intérêts d’une seule partie. Plus il y a de parties
prenantes qui co-construisent, plus on peut aller loin. Des acteurs
concurrents dans la vie économique classique peuvent se retrouver pour
construire des activités qui vont avoir un impact sur la collectivité.
Une piste pourrait donc être de dépasser la logique concurrentielle, de
changer de paradigme.
Comment intégrer les salariés à ce processus ?
Quand l’entreprise développe du social business en rapport avec son
métier, les équipes sont plus motivées et leurs compétences mieux
mobilisables. C’est donc plus naturel, je dirais même plus empathique.
Il ne faut pas oublier que l’entreprise intègre du social business dans
ses activités aussi parce que ses salariés ont besoin d’être motivés, de
travailler pour des projets qui ont du sens. Sur des problématiques
sociales et sociétales, j’ai pu observer, par exemple, que les gens sont
heureux d’apporter leurs compétences, d’exercer leur métier, leur
talent au profit de projets qui ont du sens pour la collectivité.
En savoir plus
http://www.atelier.net/trends/articles/integrer-social-business-un-moyen-dinnover
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire