mardi 24 avril 2012

Les smartphones et les tablettes s'invitent dans l'entreprise

A lire sur:  http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/innovation-competences/technologies/0202020082010-les-smartphones-et-les-tablettes-s-invitent-dans-l-entreprise-315695.php?xtor=EPR-1500-[management]-20120424-[s=461370_n=3_c=_]-409905656@1

24/04 | 07:00 | Jacques Henno
Ecrit par
Jacques HENNO Journaliste
Chacun des 11 commerciaux qui travaillent en France pour Kéraskin Esthetics est désormais équipé d'un iPad permettant de simuler les ventes qu'une esthéticienne pourrait réaliser avec ces produits. « Nos commerciaux adorent leur tablette, qui leur confère une image de modernité », affirme Julien Moignard, directeur général de cette branche de L'Oréal. De La Poste, qui d'ici à 2015 veut équiper ses 100.000 postiers d'un smartphone pour délivrer des services postaux ou autres (relever les compteurs de gaz...), à AXA, qui est en train de doter 4.000 commerciaux d'un iPad leur permettant d'élaborer un contrat personnalisé et de le faire signer, en passant par e.l.m. leblanc (groupe Bosch), dont les installateurs bénéficient d'un logiciel pour le choix des chaudières, il ne se passe pas une semaine sans qu'une application professionnelle pour appareil nomade ne soit annoncée.
« J'ai l'impression d'être au début d'une nouvelle ère, résume Nikolaz Foucaud, directeur marketing et stratégie de Microsoft France pour les grandes entreprises et le secteur public. Nous avions le même genre de discussions, très enflammées, avec nos clients au début du Web. »
Au départ, les entreprises ont subi cette révolution, avec la mode du « Bring your own Device » (« Les Echos » du 4 octobre 2011) : les jeunes cadres et ingénieurs propriétaires d'un smartphone ou d'une tablette tactile souhaitaient s'en servir pour accéder aux mails et aux données de leur entreprise. « Ils veulent des outils professionnels aussi simples à utiliser que les applications ludiques qu'ils ont installées sur leurs appareils personnels », prévient Daniel Nilsson, directeur du développement de Cryptzone (sécurité des nouvelles technologies), qui propose une application pour les conseils d'administration.
« La nouveauté, aujourd'hui, c'est que la demande vient d'en haut. Le directeur général qui a eu un iPad à Noël veut s'en servir au bureau », reprend Christophe Jourdet, directeur régional pour la France et la péninsule Ibérique d'Absolute Software, éditeur de solutions pour la gestion et la protection des parcs informatiques.
Beaucoup de directions des systèmes d'information (DSI) freinent encore des quatre fers. Officiellement pour des raisons de sécurité : elles appréhendent ces centaines d'appareils éparpillés dans la nature ayant accès aux fichiers informatiques de l'entreprise. Mais, surtout, ce phénomène remet en cause leur façon de travailler : fini le temps où elles imposaient leurs logiciels à tout le monde.

De nombreux sous-traitants

Conséquence de cette résistance : « Les DSI sont court-circuitées par les directions métier (marketing, vente...) qui souhaitent disposer de leurs propres applications en quelques mois », constate Paul-Louis Belletante, directeur chez Mobile Network Group (marketing et applications sur mobiles). « J'ai signé un contrat en deux jours avec une direction métier qui m'a interdit d'en parler à la DSI de l'entreprise », raconte Dominique Gozard, président d'iSeeds, spécialisé dans le conseil en stratégie mobile et le développement d'applications professionnelles.
Ce court-circuitage est d'autant plus facile à réaliser que le développement de ces applications est désormais bien industrialisé. De nombreux sous-traitants existent. Ensuite, ces applications peuvent être rapidement déployées grâce à des logiciels de « mobile device management » (gestion de terminaux mobiles), proposés par AirWatch, MobileIron, Sybase-SAP, Telelogos... « Le principal aspect technique à prendre en compte est la solution de programmation : une application utilisable via le Web est moins onéreuse, mais ne sera peut-être pas accessible partout en France ; une application embarquée écrite directement pour le système d'exploitation de la machine revient plus cher », prévient Pierre Chiandusso, associé chez Logica Business Consulting.
A l'inverse des DSI, les directions générales et les DRH ont vite compris l'intérêt des applications nomades. « C'est un axe très important pour améliorer la productivité interne et la relation client », assène Emmanuel Bricard, responsable informatique d'e.l.m. leblanc. « Ces projets informatiques constituent aussi très souvent des projets de transformation pour rendre les salariés plus mobiles, plus productifs », confirme Eric Haddad, directeur de Google Enterprise pour l'Europe du Sud. Quant aux DRH, elles voient deux avantages à ces outils. D'abord, ils permettent d'attirer des jeunes diplômés fans de smartphones, mais aussi des pères et des mères, qui peuvent travailler plus facilement de chez eux. Ensuite, la notion d'horaires de travail devient floue. « Les gens peuvent travailler tout le temps », sourit un cadre dirigeant.
Finalement, en dehors des DSI, les seuls à encore s'inquiéter sont les directeurs juridiques. « Avant d'autoriser l'utilisation d'un appareil personnel, l'employeur doit procéder à une analyse du risque pour les données de l'entreprise : ces informations peuvent-elles être volées ? Etre accessibles à un salarié qui normalement n'y est pas autorisé ? », conseille Sophie Nerbonne, directeur adjoint des affaires juridiques à la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Et qui est responsable si la tablette personnelle d'un collaborateur, victime d'une défaillance de la batterie, prend feu dans une usine ?
JACQUES HENNO, Les Echos

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