A lire sur: http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/innovation-competences/technologies/0202020082010-les-smartphones-et-les-tablettes-s-invitent-dans-l-entreprise-315695.php?xtor=EPR-1500-[management]-20120424-[s=461370_n=3_c=_]-409905656@1
Chacun des 11 commerciaux qui travaillent en
France pour Kéraskin Esthetics est désormais équipé d'un iPad permettant
de simuler les ventes qu'une esthéticienne pourrait réaliser avec ces
produits. « Nos commerciaux adorent leur tablette, qui leur confère une image de modernité »,
affirme Julien Moignard, directeur général de cette branche de L'Oréal.
De La Poste, qui d'ici à 2015 veut équiper ses 100.000 postiers d'un
smartphone pour délivrer des services postaux ou autres (relever les
compteurs de gaz...), à AXA, qui est en train de doter 4.000 commerciaux
d'un iPad leur permettant d'élaborer un contrat personnalisé et de le
faire signer, en passant par e.l.m. leblanc (groupe Bosch), dont les
installateurs bénéficient d'un logiciel pour le choix des chaudières, il
ne se passe pas une semaine sans qu'une application professionnelle
pour appareil nomade ne soit annoncée.
« J'ai l'impression d'être au début d'une nouvelle ère,
résume Nikolaz Foucaud, directeur marketing et stratégie de Microsoft
France pour les grandes entreprises et le secteur public. Nous avions le même genre de discussions, très enflammées, avec nos clients au début du Web. »
Au départ, les
entreprises ont subi cette révolution, avec la mode du « Bring your own
Device » (« Les Echos » du 4 octobre 2011) : les jeunes cadres et
ingénieurs propriétaires d'un smartphone ou d'une tablette tactile
souhaitaient s'en servir pour accéder aux mails et aux données de leur
entreprise. « Ils veulent des outils professionnels aussi simples à
utiliser que les applications ludiques qu'ils ont installées sur leurs
appareils personnels », prévient Daniel Nilsson, directeur du
développement de Cryptzone (sécurité des nouvelles technologies), qui
propose une application pour les conseils d'administration.
« La nouveauté, aujourd'hui, c'est que la demande
vient d'en haut. Le directeur général qui a eu un iPad à Noël veut s'en
servir au bureau », reprend Christophe Jourdet, directeur régional
pour la France et la péninsule Ibérique d'Absolute Software, éditeur de
solutions pour la gestion et la protection des parcs informatiques.
Beaucoup
de directions des systèmes d'information (DSI) freinent encore des
quatre fers. Officiellement pour des raisons de sécurité : elles
appréhendent ces centaines d'appareils éparpillés dans la nature ayant
accès aux fichiers informatiques de l'entreprise. Mais, surtout, ce
phénomène remet en cause leur façon de travailler : fini le temps où
elles imposaient leurs logiciels à tout le monde.
De nombreux sous-traitants
Conséquence de cette résistance : « Les
DSI sont court-circuitées par les directions métier (marketing,
vente...) qui souhaitent disposer de leurs propres applications en
quelques mois », constate Paul-Louis Belletante, directeur chez Mobile Network Group (marketing et applications sur mobiles). « J'ai signé un contrat en deux jours avec une direction métier qui m'a interdit d'en parler à la DSI de l'entreprise »,
raconte Dominique Gozard, président d'iSeeds, spécialisé dans le
conseil en stratégie mobile et le développement d'applications
professionnelles.
Ce court-circuitage
est d'autant plus facile à réaliser que le développement de ces
applications est désormais bien industrialisé. De nombreux
sous-traitants existent. Ensuite, ces applications peuvent être
rapidement déployées grâce à des logiciels de « mobile device
management » (gestion de terminaux mobiles), proposés par AirWatch,
MobileIron, Sybase-SAP, Telelogos... « Le principal aspect
technique à prendre en compte est la solution de programmation : une
application utilisable via le Web est moins onéreuse, mais ne sera
peut-être pas accessible partout en France ; une application embarquée
écrite directement pour le système d'exploitation de la machine revient
plus cher », prévient Pierre Chiandusso, associé chez Logica Business Consulting.
A l'inverse des DSI, les directions générales et les DRH ont vite compris l'intérêt des applications nomades. « C'est un axe très important pour améliorer la productivité interne et la relation client », assène Emmanuel Bricard, responsable informatique d'e.l.m. leblanc. « Ces
projets informatiques constituent aussi très souvent des projets de
transformation pour rendre les salariés plus mobiles, plus productifs », confirme Eric Haddad, directeur de Google
Enterprise pour l'Europe du Sud. Quant aux DRH, elles voient deux
avantages à ces outils. D'abord, ils permettent d'attirer des jeunes
diplômés fans de smartphones, mais aussi des pères et des mères, qui
peuvent travailler plus facilement de chez eux. Ensuite, la notion
d'horaires de travail devient floue. « Les gens peuvent travailler tout le temps », sourit un cadre dirigeant.
Finalement, en dehors des DSI, les seuls à encore s'inquiéter sont les directeurs juridiques. « Avant
d'autoriser l'utilisation d'un appareil personnel, l'employeur doit
procéder à une analyse du risque pour les données de l'entreprise : ces
informations peuvent-elles être volées ? Etre accessibles à un salarié
qui normalement n'y est pas autorisé ? », conseille Sophie
Nerbonne, directeur adjoint des affaires juridiques à la CNIL
(Commission nationale de l'informatique et des libertés). Et qui est
responsable si la tablette personnelle d'un collaborateur, victime d'une
défaillance de la batterie, prend feu dans une usine ?
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