lundi 27 février 2012
Selon une récente étude de Gartner[1],
malgré une augmentation prévue moins importante qu’en 2011, les
analystes tablent pour 2012 sur une croissance de +3.7% des
investissements dans le domaine de l’informatique. Cela se traduira par
un volume d’investissements total de 3.800 milliards de dollars (contre
3.700 milliards en 2010). Les technologies, telles que le Cloud, la
virtualisation ou encore la convergence des réseaux, marquent cette
dernière décennie et vont impacter à moyen terme les équipes IT. Dans le
cadre de ces investissements technologiques, la convergence des réseaux
entraînera un changement de la conception des data centers.Les entreprises se posent inévitablement la question des capacités de stockage et de la performance des réseaux. Pour être efficace et afin d’éviter la gestion coûteuse de multiples niveaux d’agrégation et réseaux distincts, elles doivent pouvoir simplifier leurs architectures vers des réseaux de type « fabric ». Il devient alors possible de miser sur la convergence du SAN (stockage) et LAN (réseaux), et dans ce cadre les équipes informatiques des entreprises vont également devoir se rapprocher.
L’hétérogénéité des équipes et des formations : un frein à la convergence
Les formations au stockage et réseaux SAN sont généralement assurées par les constructeurs, éditeurs, ou groupes professionnels tels que le SNIA, mais restent rares dans les cursus universitaires ou écoles d’ingénieurs. Cette faible présence dans les cursus dits « classiques » s’explique par la spécificité du marché stockage, avec des réseaux SAN de quelques milliers de ports gérés par de petites équipes très qualifiées. Les constructeurs forment leurs ingénieurs avant-ventes, services et support aux protocoles stockage, et aux méthodes de travail très rigoureuses dues aux exigences de production des systèmes critiques, ou la stabilité et non perte des données dans les réseaux de stockage sont vitaux pour l’entreprise cliente.
Il existe une multitude de formations banalisées sur les réseaux IP/Ethernet. Elles sont largement reconnues mais présentent des inconvénients majeurs pour le monde de l’entreprise : contenu très technique orienté produits et architecture, manque de neutralité car très influencées par les technologies, protocoles et règles d’architectures du constructeur dominant. Elles prennent peu en compte les contraintes de production auxquelles font face les entreprises, et sont plus influencées par les tendances technologiques du moment que centrées sur la simplicité et la continuité d’exploitation de solutions simples.
Cette divergence se retrouve dans l’entreprise et son organisation de production, avec des équipes opérationnelles LAN et SAN avec un ADN et des philosophies de travail très différentes, qui jusqu’à récemment n’étaient pas amenées à se rencontrer. Pour les uns réseau étendu à trois, voire quatre niveaux, multitude d’applications et de protocoles, notion de meilleur service avec acceptation tacite de sous dimensionnement et perte éventuelle de données. Pour les autres réseaux plats de type « fabric » haute performance, dédiés uniquement au stockage, avec tolérance zéro pour la latence ou pertes de données.
Ces équipes réseaux ainsi que celles des serveurs et applications sont souvent gérées par la même direction. La convergence des réseaux et la virtualisation des serveurs vont entraîner inévitablement une convergence d’équipes multidisciplinaires avec un management mieux intégré permettant le partage des meilleures pratiques et d’outils de gestion communs.
Management et Best practices : point essentiel de la convergence des équipes
Dans un objectif d’une convergence des équipes, les constructeurs et intégrateurs peuvent proposer des pistes de travail à leurs entreprises clientes.Ils doivent gérer en amont de la mise sur le marché des produits la convergence des équipes avant-ventes, services et support, composées historiquement d’ingénieurs certifiés dans des « silos » bien précis.
Le point de départ essentiel de cette convergence tient dans le rôle du management qui amène chaque équipe à connaître l’autre, s’appréhender et collaborer. Sans être imposé, ce changement permettra de créer une base commune de vocabulaire et meilleures pratiques pour chaque projet. En effet, la convergence ne repose pas uniquement sur une solution technologique, elle est aussi dans les esprits et méthodes de travail. Il faudra également recentrer la mission de chaque ingénieur sur son métier et les impératifs de production de l’entreprise, plutôt que sur ses passions technologiques et la surenchère entre équipes. Chez un constructeur ou intégrateur les ingénieurs avant-vente, service et support portent les mêmes objectifs, subissent les mêmes contraintes et utilisent des méthodes de travail similaires, quelle que soit leur spécialisation technologique.
Dans la mise en place de cette convergence des équipes, l’une des premières étapes va être d’organiser des entretiens croisés sur la manière donc chacun aborde sa mission, sa technologie, mais aussi son contact client et ses méthodes de travail. Ces échanges permettent de mieux comprendre les métiers de chacun et de créer un vocabulaire commun. Le partage de connaissances se fera alors plus facilement lors d’acquisitions de nouvelles compétences techniques ou métier.
Certains ingénieurs resteront réfractaires au changement et choisiront de rester des spécialistes de leur secteur, d’autre feront un pas du réseau au stockage ou vice versa pour enrichir leur expérience et se valoriser sur le marché. L’idéal n’est pas convertir chaque ingénieur mais de réunir les profils plus généralistes (tournés vers la simplicité, l’exploitabilité, le retour sur investissement, la continuité d’exploitation) avec les spécialistes de sujets technologiques pointus.
Cette équipe multidisciplinaire produira les outils, méthodes et meilleures pratiques communes nécessaires à la convergence : études des besoins, définition d‘architecture, pilotage de déploiement, tests, mécanismes de reprise sur incidents, procédures d’exploitation, etc …
L’ingénieur polyvalent « Stockage & Réseau » n’existe pas réellement pour l’instant et il doit donc être développé au sein des équipes informatiques de l’entreprise. Pour cela, il est essentiel que les équipes s’appréhendent, et travaillent ensemble à l’élaboration de méthodes communes sous l’impulsion du management.
[1]http://dsi.silicon.fr/sur-le-terrain/depenses-it-pour-2012-le-gartner-plus-prudent-1955
http://www.infodsi.com/articles/129522/impact-evolutions-technologiques-equipes-informatiques-pascal-danet-ingenieur-systeme-brocade.html?key=
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