mardi 28 février 2012

L'« open source », une révolution


28/02 | 07:00 | Les Echos, DE BERTRAND DIARD
Il est intéressant de comparer la croissance et l'impact de l'objet le plus symbolique du XX e siècle, l'automobile, avec l'évolution actuelle de l'industrie du logiciel. Produit de 1908 à 1927 par Ford, le modèle T est considéré comme la première automobile abordable. Cette voiture était populaire, même si les clients n'avaient que peu de choix d'options. Elle était livrée avec un seul type de moteur et un nombre limité de styles de carrosserie. La fameuse règle d'Henry Ford : « N'importe quelle couleur pourvu qu'elle soit noire », a été mise en place en 1914 pour limiter les choix de couleur à une seule. A l'époque, on payait la voiture comptant et on obtenait ce pour quoi on avait payé. Point.
Le développement de la technologie automobile a ensuite été rapide, grâce à l'apparition de centaines de fabricants qui luttaient pour attirer l'attention des consommateurs. C'était le début d'une révolution industrielle internationale et d'une bataille entre constructeurs pour la domination du marché, qui est encore d'actualité. Conséquence de cette concurrence accrue et du penchant des clients pour l'innovation, les acheteurs ont désormais le choix parmi un large panel de marques et de modèles, pour trouver la voiture correspondant à leurs besoins.
La trajectoire de l'automobile n'est pas très différente de ce que nous avons vécu dans l'industrie du logiciel. Jusqu'aux années 1960, les ordinateurs - des « mainframes » énormes et coûteux -étaient loués plutôt qu'achetés. Le code source des logiciels était fourni et les clients qui achetaient du hardware aussi cher ne payaient pas en plus pour les logiciels. Mais, comme l'automobile, l'industrie du logiciel s'est développée grâce à des visionnaires comme Ford, qui travaillaient sur des prototypes dans leur garage.
Aujourd'hui, vous pouvez choisir entre des logiciels propriétaires ou « open source ». Vous pouvez déployer des logiciels libres ou des logiciels sous contrat de souscription annuelle. La façon de consommer des logiciels a évolué. Vous pouvez choisir d'installer le logiciel sur vos serveurs, de le déployer dans le « cloud » ou de l'utiliser en SaaS (« software as a service »).
Avant l'« open source », vous n'aviez pas d'autre choix que d'acheter des licences de logiciels propriétaires. Comme avec la Ford T, le client disposait de peu d'options. Avec la flexibilité et l'innovation qui le caractérisent, l'« open source » a fait évoluer les modes d'adoption et d'achat de logiciels par les entreprises, en offrant plus de choix. La principale raison pour laquelle les entreprises les adoptent est leur flexibilité, qui permet de répondre à l'ensemble de leurs besoins. Les départements IT apprécient de pouvoir adopter des technologies « open source » en suivant leur propre rythme, en les intégrant facilement dans leurs environnements critiques. Ils peuvent personnaliser le logiciel et choisir un modèle tarifaire beaucoup plus souple que celui imposé par les acteurs propriétaires.
Pour toutes ces raisons, les discussions autour des logiciels « open source » d'entreprise sont aujourd'hui centrées sur leur potentiel, avec des projections optimistes sur les cinq prochaines années. De telles prévisions négligent la réalité : l'« open source » est déjà bien établi dans l'entreprise. Selon une récente étude du Gartner, plus de la moitié des entreprises interrogées ont adopté des solutions « open source » dans leur système d'information.
L'« open source » est l'un des développements culturels et informatiques les plus significatifs depuis vingt ans, et a démontré que des individus collaborant via Internet peuvent créer des produits rivalisant et dépassant même parfois ceux des plus grands éditeurs. Il a également montré dans quelle mesure des entreprises peuvent devenir plus innovantes et plus agiles tout en maîtrisant mieux leurs coûts, grâce à la communauté. Ce modèle continue de prendre de l'importance, favorisant l'intégration des environnements d'entreprise, des smartphones et même..., oui, de la voiture garée devant chez vous.
Bertrand Diard est cofondateur et PDG de Talend.

http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0201919927625-l-open-source-une-revolution-295331.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20120228-[s=461370_n=9_c=907_]-409905656@1

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