mardi 3 avril 2012

Motivation des salariés : quand la rémunération ne suffit plus

A lire sur:  http://www.lesechos.fr/journal20120403/lec1_competences/0201986831798-motivation-des-salaries-quand-la-remuneration-ne-suffit-plus-308815.php

03/04 | 07:00 | Les Echos

La rémunération ne suffit à motiver les salariés et à les inciter à recommander leur entreprise. Ces dernières doivent soigner la qualité de vie au travail, la reconnaissance et les parcours professionnels.

Motivation des salariés : quand la rémunération ne suffit plus
De quoi parlent les spécialistes de la rémunération en entreprise lorsqu'ils se réunissent ? De salaires individualisés, de primes d'objectif, de plans de retraite évidemment mais aussi d'autres avantages. L'étude que vient de mener Ipsos auprès de 1.000 salariés appartenant à des entreprises de plus de 500 personnes montre pourquoi. Elle a été dévoilée la semaine dernière lors d'un colloque organisé par Adding, société de conseil en ressources humaines. L'espoir d'une meilleure « rémunération » (salaire ou avantages sociaux) constitue la première raison (77 %) pour quitter son entreprise, devant « l'intérêt du poste » (51 %), la localisation géographique (36 %) et les perspectives d'évolution (29 %).
Cependant, à la question de savoir pourquoi ils avaient rejoint leur entreprise actuelle, « l'intérêt du travail » arrive en 2 position (27 %), derrière « le hasard et la nécessité de travailler » (39 %). La « rémunération » se place quatrième (17 %), derrière la sécurité de l'emploi (18 %) et devant la réputation de l'entreprise (15 %), l'équilibre vie privée-vie professionnelle (15 %) et les perspectives d'évolution (13 %). « Ce n'est pas contradictoire. L'intérêt pour son travail est l'un des fondements de la satisfaction, au même titre que le respect, l'ambiance ou la confiance dans l'avenir. Les salariés interrogés sont aujourd'hui plutôt satisfaits sur ces points. La rémunération va jouer plus un rôle de ‘‘bonus'', et c'est ce plus que recherchent les salariés envisageant de quitter un emploi pour un autre », insiste Anne Leroux, directrice de clientèle chez Ipsos Loyalty.
Dès lors, les entreprises font des efforts. Ainsi dans le cadre de son « nouveau contrat social » annoncé en 2010, France Télécom a signé toute une série d'accords concernant, par exemple, l'équilibre entre les vies privée et professionnelle ou le télétravail. L'un d'eux concerne l'accompagnement des seniors qui, à partir de 57 ans, peuvent continuer à travailler à 50 % ou 75 % en bénéficiant d'une rémunération supérieure et en s'impliquant éventuellement dans des missions de tutorat afin de transmettre leur savoir. « Cela instaure du lien social, c'est valorisant pour le salarié et également positif pour l'entreprise », insiste Alain Gueguen en charge de la politique de rétribution globale au sein du groupe France Télécom Orange.

Vies privée et professionnelle

Chez AXA, on « sensibilise » les managers à ne pas submerger les cadres et à respecter la séparation entre le travail et la vie privée. « Le cas typique, c'est le travail le week-end à cause d'un e-mail envoyé le vendredi soir », explique Marine de Boucaud, DRH cadres dirigeants et mobilité internationale chez AXA.
Les cadres à haut potentiel sont évidemment particulièrement choyés dans les grands groupes, qui ont toute latitude pour offrir des parcours individualisés. « Nos experts sont chassés et nous jouons de notre image mondiale en leur proposant des trajectoires individualisées », insiste Marine de Boucaud. CFAO, une entreprise spécialisée dans la distribution automobile et pharmaceutique en Afrique, a défini depuis quatre ans une politique originale destinée aux cadres africains (15 % des expatriés du groupe), fondée sur des postes en dehors de leur pays. « L'expérience dans un autre pays permet d'échapper à la pression sociale et de les faire évoluer avec des parcours riches », souligne Thierry Robert, directeur rémunérations et avantages sociaux.
Une telle démarche n'est pas simple pour des entreprises de taille plus modeste. Ce jeune DRH d'une entreprise de 500 personnes l'avoue : « Dans mon cas, pour évoluer, il me faudra changer d'entreprise. » Du coup, certains mettent en avant la formation. Comme Rémy Cointreau, qui dépense 4 % de son chiffre d'affaires dans ce domaine. « Nous ne pouvons assurer que tous auront une carrière à la hauteur de leurs ambitions. En revanche, nous leur garantissons qu'ils seront meilleurs en sortant », assure Jean-François Boueil, DRH de Rémi Cointreau.
FRANK NIEDERCORN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire