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Vous pensez que
les documents que vous postez sur les réseaux sociaux vous
appartiennent. Vous avez raison. Cependant, les sites se réservent le
droit de les utiliser à votre insu. Voire les commercialiser. L’affaire
TF1 contre Youtube éclaire le débat en France.
Les
conditions générales d’utilisation (CGU) des réseaux sociaux indiquent
que l’utilisateur reste propriétaire des droits sur les documents qu’il y
publie. A priori, c’est bien. « Mais lorsqu'il s'agit d'étudier ces CGU dans le détail, tout se complique »,
alerte Maître Marie-Laure Laffaire, avocate spécialisée en droit des
nouvelles technologies. En effet, les propriétaires de certains réseaux
sociaux se réservent aussi le droit d’utiliser gratuitement les contenus
qu’ils hébergent. Cette utilisation est définie dans le cadre des
''Services'' qu’ils commercialisent auprès de partenaires ou de tiers.
Tout est possible, notamment en matière d’usage publicitaire. Exemple
pratique : « Si une entreprise notoire met son logo sur un réseau social, elle lui accorde de facto le
droit de l’utiliser pour des usages dérivés, parfois même à des fins
publicitaires dans les conditions de service prévues dans les CGU. »
Théoriquement applicable en France. Voilà
pourquoi, dans les conditions générales d’utilisation, la définition du
contenu et la destination des usages est très large. Quant à la licence
accordée par l’auteur, les extraits de certaines CGU indiquent qu’elle
est « générale, gratuite, transférable et non exclusive » dans le but de « diffuser, reproduire, modifier réarranger ou distribuer » ces sources « dans le cadre des services offerts par le site ».
Qui plus est, les informations qui auraient été supprimées par l’auteur
sont conservées sans limitation de durée réelle. Enfin, en publiant ses
contenus l’internaute atteste et garantit qu’il en possède les droits.
C’est très utile pour le site qui s’exonère ainsi de toute
responsabilité en cas de copie illégale ou de transmission illicite de
documents.
Youtube : CGU contestables. « Venues d’Amérique ou d’Asie, toutes ces CGU sont théoriquement applicables en France », admet maître Marie-Laure Laffaire. « Mais, en droit comme en pratique, il faut les confronter à la réalité du droit d’auteur tel qu’il est existe dans l’Hexagone. »
Reste alors à savoir si toutes les conditions du code français de la
propriété intellectuelle sont remplies : la durée d'usage, le
consentement "éclairé" de l'utilisateur auteur, la destination des
copies et surtout si les droits ont été cédés pour chaque œuvre
individuellement et non par lots.
Conscients
du danger d'abus, les juges français, ont tout récemment tiré la
sonnette d'alarme dans une décision du 29 mai 2012 rendue lors procès
TF1 contre Youtube. Ils soulignent que la clause des CGU (non négociées
par l'internaute) permettant à Youtube d'acquérir de façon automatique
et systématique des droits sur les contenus postés par les internautes
« est contestable au regard du droit d'auteur, faute de préciser les
limites temporelles et spatiales de la cession et de répondre aux
critères de la cession à titre gratuit. »
© Hubert d’Erceville
Photo : Marie-Laure Laffaire, avocate à la Cour, spécialisée dans le droit des nouvelles technologies. © D.R.
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