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Par Romain Gueugneau | 04/07 | 07:00
Par Romain Gueugneau | 04/07 | 07:00
L'éditeur de Windows et d'Office pourrait faire une croix sur ses bénéfices de son dernier trimestre, clos le 30 juin, à cause d'une dépréciation d'actifs de 6,2 milliards de dollars dans ses activités de publicité en ligne.
Microsoft
continue de perdre des points face à Google dans la bataille pour le
contrôle du Web. Et ce bras de fer lui coûte cher. Cette semaine, le
géant du logiciel a ainsi dû annoncer qu'il allait enregistrer une
charge de 6,2 milliards de dollars dans les comptes de son dernier
trimestre fiscal, clos le 30 juin. Une opération liée à la dépréciation
de la valeur d'aQuantive, une société spécialisée dans les services de
publicité sur Internet logée dans la division « online services » de
l'éditeur de logiciels.
Rachetée en 2007
pour 6,3 milliards de dollars (soit la deuxième plus grosse acquisition
du groupe avec le rachat de Skype l'an dernier pour 8,5 milliards),
cette entreprise n'a pas permis à Microsoft de faire croître ses revenus
dans la publicité en ligne au rythme espéré. Sa valeur a donc été revue
à la baisse de façon drastique dans les comptes de la firme de Redmond.
Cette opération comptable aura certainement pour conséquence de réduire
les bénéfices trimestriels à néant.
Malgré
l'enthousiasme du patron de Microsoft, Steve Ballmer, le montant
déboursé pour le rachat d'aQuantive avait surpris, déjà à l'époque. « C'était l'un des derniers acteurs indépendants sur le marché de la publicité en ligne »,
rappelle Leslie Griffe de Malval, gérant chez IT Asset Management. La
même année, Google avait payé moitié moins cher pour s'offrir son
concurrent, DoubleClick.
La dépréciation
d'actifs enregistrée par Microsoft illustre les difficultés rencontrées
par l'éditeur pour percer dans l'univers du Web et y rentabiliser ses
investissements. La division « online services », qui regroupe notamment
le moteur de recherche Bing et le portail MSN, perd chaque année de
l'argent. Au cours des trois derniers exercices, les pertes ont dépassé
les 6 milliards de dollars. Sur les neuf premiers mois de l'exercice
2011-2012, elles s'élevaient encore à 1,45 milliard, malgré les plans de
réduction de coûts engagés chez Bing. « Les investissements en valent la peine. Les services en ligne permettent de construire le futur de Microsoft », justifiait l'an dernier, dans « Les Echos », Yusuf Medhi, alors patron de Bing et de MSN. « Sur
le Web, la prime au leader est importante. Pour les concurrents de ce
dernier, cela reste compliqué de gagner de l'argent », considère un consultant spécialisé.
Assumer les pertes
Le
moteur de recherche développé par Microsoft continue malgré tout de
progresser et permet de contester - quelque peu -l'hégémonie de Google.
Aux Etats-Unis, sa part de marché s'élevait à 15,4 % en mai contre
66,7 % pour son concurrent, selon Comscore. Sur les autres marchés, le
contraste est encore plus net : en France, Bing ne récoltait que 3,1 %
des visites d'internautes en mai, selon AT Internet. Les résultats du
partenariat signé avec Yahoo! en 2009 peinent en outre à produire leurs
effets au niveau financier. De même que l'insertion de la technologie de
Bing dans le moteur de recherche de Facebook. « Notre activité dans les services en ligne progresse, assure Microsoft. Mais les prévisions de croissance et de bénéfices futurs seront moins importantes que ce que nous avions anticipé », reconnaît aussi le groupe.
Reste
à savoir ce que Microsoft compte faire avec cette division. Quitter le
marché paraît peu probable. Les innovations et technologies développées
par les équipes d'« online services » essaiment en effet dans les autres
divisions et auprès des autres produits du groupe. « Quand on
élabore comme Microsoft une stratégie pour peser dans le "cloud
computing" et la mobilité, on ne peut pas se passer de la composante Web
et notamment du moteur de recherche », juge Matthieu Poujol du
cabinet Pierre Audoin Consultants. La firme dirigée par Steve Ballmer a
démontré sa capacité à faire le dos rond et à assumer les pertes, comme
avec sa division jeux et la Xbox, désormais rentable. « Microsoft est réputé pour son opiniâtreté », confirme Leslie Griffe de Malval de IT Asset Management.
Certaines
mesures de restructuration pourraient néanmoins être envisagées. La
filiale française de Microsoft a annoncé lundi un plan social visant
30 personnes au sein de sa division « advertising & online ».
ROMAIN GUEUGNEAU
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