mercredi 4 juillet 2012

Face à l'hégémonie de Google, Microsoft peine à percer sur le Web

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Par Romain Gueugneau | 04/07 | 07:00

L'éditeur de Windows et d'Office pourrait faire une croix sur ses bénéfices de son dernier trimestre, clos le 30 juin, à cause d'une dépréciation d'actifs de 6,2 milliards de dollars dans ses activités de publicité en ligne.

En bourse
Face à l\'hégémonie de Google, Microsoft peine à percer sur le Web
Microsoft continue de perdre des points face à Google dans la bataille pour le contrôle du Web. Et ce bras de fer lui coûte cher. Cette semaine, le géant du logiciel a ainsi dû annoncer qu'il allait enregistrer une charge de 6,2 milliards de dollars dans les comptes de son dernier trimestre fiscal, clos le 30 juin. Une opération liée à la dépréciation de la valeur d'aQuantive, une société spécialisée dans les services de publicité sur Internet logée dans la division « online services » de l'éditeur de logiciels.
Rachetée en 2007 pour 6,3 milliards de dollars (soit la deuxième plus grosse acquisition du groupe avec le rachat de Skype l'an dernier pour 8,5 milliards), cette entreprise n'a pas permis à Microsoft de faire croître ses revenus dans la publicité en ligne au rythme espéré. Sa valeur a donc été revue à la baisse de façon drastique dans les comptes de la firme de Redmond. Cette opération comptable aura certainement pour conséquence de réduire les bénéfices trimestriels à néant.
Malgré l'enthousiasme du patron de Microsoft, Steve Ballmer, le montant déboursé pour le rachat d'aQuantive avait surpris, déjà à l'époque. « C'était l'un des derniers acteurs indépendants sur le marché de la publicité en ligne », rappelle Leslie Griffe de Malval, gérant chez IT Asset Management. La même année, Google avait payé moitié moins cher pour s'offrir son concurrent, DoubleClick.
La dépréciation d'actifs enregistrée par Microsoft illustre les difficultés rencontrées par l'éditeur pour percer dans l'univers du Web et y rentabiliser ses investissements. La division « online services », qui regroupe notamment le moteur de recherche Bing et le portail MSN, perd chaque année de l'argent. Au cours des trois derniers exercices, les pertes ont dépassé les 6 milliards de dollars. Sur les neuf premiers mois de l'exercice 2011-2012, elles s'élevaient encore à 1,45 milliard, malgré les plans de réduction de coûts engagés chez Bing. « Les investissements en valent la peine. Les services en ligne permettent de construire le futur de Microsoft », justifiait l'an dernier, dans « Les Echos », Yusuf Medhi, alors patron de Bing et de MSN. « Sur le Web, la prime au leader est importante. Pour les concurrents de ce dernier, cela reste compliqué de gagner de l'argent », considère un consultant spécialisé.

Assumer les pertes

Le moteur de recherche développé par Microsoft continue malgré tout de progresser et permet de contester - quelque peu -l'hégémonie de Google. Aux Etats-Unis, sa part de marché s'élevait à 15,4 % en mai contre 66,7 % pour son concurrent, selon Comscore. Sur les autres marchés, le contraste est encore plus net : en France, Bing ne récoltait que 3,1 % des visites d'internautes en mai, selon AT Internet. Les résultats du partenariat signé avec Yahoo! en 2009 peinent en outre à produire leurs effets au niveau financier. De même que l'insertion de la technologie de Bing dans le moteur de recherche de Facebook. « Notre activité dans les services en ligne progresse, assure Microsoft. Mais les prévisions de croissance et de bénéfices futurs seront moins importantes que ce que nous avions anticipé », reconnaît aussi le groupe.
Reste à savoir ce que Microsoft compte faire avec cette division. Quitter le marché paraît peu probable. Les innovations et technologies développées par les équipes d'« online services » essaiment en effet dans les autres divisions et auprès des autres produits du groupe. « Quand on élabore comme Microsoft une stratégie pour peser dans le "cloud computing" et la mobilité, on ne peut pas se passer de la composante Web et notamment du moteur de recherche », juge Matthieu Poujol du cabinet Pierre Audoin Consultants. La firme dirigée par Steve Ballmer a démontré sa capacité à faire le dos rond et à assumer les pertes, comme avec sa division jeux et la Xbox, désormais rentable. « Microsoft est réputé pour son opiniâtreté », confirme Leslie Griffe de Malval de IT Asset Management.
Certaines mesures de restructuration pourraient néanmoins être envisagées. La filiale française de Microsoft a annoncé lundi un plan social visant 30 personnes au sein de sa division « advertising & online ».
ROMAIN GUEUGNEAU

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