A lire sur: http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0202167232494-big-data-gros-enjeux-345800.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20120720-[s=461370_n=9_c=907_]-409905656@1
DE GILLES BABINET
Big Data : ce mot sonne comme un mantra aux
vertus magiques auprès de tous ceux qui travaillent dans le monde de
l'informatique. En soit, la Big Data n'a pourtant rien de sorcier : elle
a été inventée par Yahoo! puis Google pour permettre de manipuler des
quantités de données en croissance exponentielle.
Songeons-y :
il était généralement admis qu'au tournant du millénaire, chaque
individu représentait une quantité de données de l'ordre de 800 Go, soit
la totalité des informations stockées par les administrations, les
entreprises, les organismes de santé, etc., pour chaque individu. Dix
ans plus tard, on estime que cette quantité s'est accrue d'un facteur
3.000. Innombrables sont les sources de ces données : les réseaux
sociaux, les téléphones mobiles, mais également les transports en
commun, les magasins, les entreprises, les voitures...
Or,
les procédés traditionnels de gestion de données ont rapidement été
débordés par cet accroissement de volume. Pour certaines sociétés, comme
Amazon, il s'agissait même d'une question de survie : sans capacité de
traitement rapide de ces données, la sécurité des transactions ou la
qualité du fonctionnement de leurs plates-formes aurait été tôt ou tard
remise en cause.
Ces techniques auraient
très bien pu rester la propriété de ceux qui les avaient inventées si,
en 2002, une publication scientifique n'avait décrit une partie des
procédés technologiques employés par Google. En deux pages, on pouvait
comprendre la magie par laquelle Google parvient à traiter d'immenses
quantités de données pour faire fonctionner son moteur de recherche.
Rapidement, une myriade de petites start-up se sont lancées sur ce
créneau. Aujourd'hui, les champs d'applications de la Big Data sont sans
limites : politique, économie, marketing, défense, médecine,
environnement, etc.
Dans certains
domaines, comme le renseignement, l'efficacité de la Big Data est
proprement effrayante, tant il est devenu difficile de ne pas avoir de
signature numérique. Même en renonçant à un ordinateur, un téléphone ou
une carte de crédit (ce qui n'a rien d'évident), on ne passe pas moins
chaque jour devant des dizaines de caméras vidéo par exemple. Et même si
l'on s'en tient à l'écart, de la data vous concernant se crée.
La
Big Data permet d'anticiper les flux de circulation, d'accélérer
sensiblement la recherche sur le cancer, d'identifier les fuites sur les
réseaux d'alimentation en eau, etc. Dans de très nombreux métiers, sa
puissance analytique va bouleverser les méthodes de travail. C'est
pourquoi, il serait opportun que notre pays réfléchisse aux enjeux de
cette discipline naissante. La France dispose d'atouts forts, avec
l'excellence de son école mathématique, en particulier dans le domaine
statistique, et elle pourrait profiter de cette caractéristique pour
développer une filière numérique de premier plan dans le champ de la
data.
Gilles Babinet est président de CaptainDash et Digital Pionnier pour l'Union européenne.
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