A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/reseaux-sociaux-ne-veulent-devenir-responsables-contenu-publie
Quelle position doivent tenir les sites collaboratifs
sur la propriété des données postées par leurs membres ? La question se
repose après la publication du rapport de transparence édité par
Twitter.
Entretien avec Daniel Kaplan, cofondateur et délégué général de la Fondation pour l’Internet Nouvelle Génération (FING).
L'Atelier : Quel est le symbole envoyé par une entreprise publiant ce type de rapport ?
Daniel Kaplan : Selon moi, ces rapports adressent deux messages. D'abord, l'entreprise se considère comme devant protéger un certain nombre de choses, à priori au moins autant sur la vie privée que sur la liberté d'expression. En réalité, il s'agit bien plus de liberté d'expression car il est difficile, pour une entreprise dont le business model intègre souvent la commercialisation de certaines données, notamment pour des opérations de marketing, de se positionner en garant de la vie privée de ses utilisateurs. D'ailleurs, le rapport est un rapport de transparence, et non de vie privée. Ensuite, le message subliminal est que les demandes d'accès à des informations ou de retrait de contenu par la justice et les pouvoirs publics est aujourd'hui excessif, notamment aux Etats-Unis. Par exemple d'utiliser Twitter pour lever l'anonymat.
C'est donc une opération de communication ?
Pas uniquement. Bien sûr, un des enjeux est clairement un enjeu d'image. Mais de tels rapports ont également pour objectif de faire reculer le moment où un réseau social comme Twitter pourrait se trouver plus fortement régulé par les autorités publiques, et ce comme un média de communication publique. C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas devenir responsable du contenu publié, comme le rédacteur en chef du Monde serait condamné en cas de publication d'un article diffamatoire. C'est donc une forme de lobbying préventif. Evidemment, c'est plus flou pour Twitter que pour Facebook dans la mesure où Facebook enferme les consommateurs dans un univers, et affirme être propriétaire de ce qui est publié sur la plate-forme. L'entreprise pourrait donc difficilement se dire propriétaire mais non responsable.
Dans ce cas, est-ce qu'un réseau social prendrait une nouvelle place entre l'utilisateur et le politique ou la justice ?
Il s'agit là d'un vieux débat. La question s'est déjà posée à l'apparition des blogs. Et elle ne se pose pas que pour les réseaux sociaux : les banques comme les opérateurs téléphoniques possèdent elles aussi des informations sur leurs clients qui peuvent lever l'anonymat, permettre de connaître leurs déplacements, etc. Simplement, il s'agit d'une zone grise d'un point de vue du droit, entre communication purement privée et purement publique. Car il ne s'agit ni de l'un, ni de l'autre. Twitter n'est pas tout à fait public, et il n'est bien sûr pas privé. Et cette distinction peut changer de forme entre les personnes, s'il s'agit d'un collégien ou d'un politicien qui tweete. On assiste donc à un jeu entre les différents acteurs pour utiliser cette zone grise. Ce qui n'est pas forcément malsain puisque le législateur devra légiférer sur cette zone d'ombre, avec d'autres acteurs, et ce jeu peut servir la réflexion. Sans toutefois tomber dans plusieurs lois ad hoc.
L'Atelier : Quel est le symbole envoyé par une entreprise publiant ce type de rapport ?
Daniel Kaplan : Selon moi, ces rapports adressent deux messages. D'abord, l'entreprise se considère comme devant protéger un certain nombre de choses, à priori au moins autant sur la vie privée que sur la liberté d'expression. En réalité, il s'agit bien plus de liberté d'expression car il est difficile, pour une entreprise dont le business model intègre souvent la commercialisation de certaines données, notamment pour des opérations de marketing, de se positionner en garant de la vie privée de ses utilisateurs. D'ailleurs, le rapport est un rapport de transparence, et non de vie privée. Ensuite, le message subliminal est que les demandes d'accès à des informations ou de retrait de contenu par la justice et les pouvoirs publics est aujourd'hui excessif, notamment aux Etats-Unis. Par exemple d'utiliser Twitter pour lever l'anonymat.
C'est donc une opération de communication ?
Pas uniquement. Bien sûr, un des enjeux est clairement un enjeu d'image. Mais de tels rapports ont également pour objectif de faire reculer le moment où un réseau social comme Twitter pourrait se trouver plus fortement régulé par les autorités publiques, et ce comme un média de communication publique. C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas devenir responsable du contenu publié, comme le rédacteur en chef du Monde serait condamné en cas de publication d'un article diffamatoire. C'est donc une forme de lobbying préventif. Evidemment, c'est plus flou pour Twitter que pour Facebook dans la mesure où Facebook enferme les consommateurs dans un univers, et affirme être propriétaire de ce qui est publié sur la plate-forme. L'entreprise pourrait donc difficilement se dire propriétaire mais non responsable.
Dans ce cas, est-ce qu'un réseau social prendrait une nouvelle place entre l'utilisateur et le politique ou la justice ?
Il s'agit là d'un vieux débat. La question s'est déjà posée à l'apparition des blogs. Et elle ne se pose pas que pour les réseaux sociaux : les banques comme les opérateurs téléphoniques possèdent elles aussi des informations sur leurs clients qui peuvent lever l'anonymat, permettre de connaître leurs déplacements, etc. Simplement, il s'agit d'une zone grise d'un point de vue du droit, entre communication purement privée et purement publique. Car il ne s'agit ni de l'un, ni de l'autre. Twitter n'est pas tout à fait public, et il n'est bien sûr pas privé. Et cette distinction peut changer de forme entre les personnes, s'il s'agit d'un collégien ou d'un politicien qui tweete. On assiste donc à un jeu entre les différents acteurs pour utiliser cette zone grise. Ce qui n'est pas forcément malsain puisque le législateur devra légiférer sur cette zone d'ombre, avec d'autres acteurs, et ce jeu peut servir la réflexion. Sans toutefois tomber dans plusieurs lois ad hoc.
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