mercredi 14 mars 2012

Pourquoi nous réformons la protection des données numériques

14/03 | 07:00 | Viviane Reding

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu'il advient de vos données à caractère personnel lorsque vous les saisissez en ligne pour réserver un billet d'avion ? Pouvez-vous réellement supprimer une photo une fois qu'elle figure sur le site d'un réseau social ? Savez-vous à qui vous pourriez vous adresser en cas de vol ou d'utilisation abusive de vos données ?
De nombreux Européens se posent les mêmes questions. Si Internet prend de plus en plus d'importance dans notre vie quotidienne, 74 % des internautes craignent de communiquer trop de données à caractère personnel les concernant. Un peu plus d'un quart seulement des utilisateurs de réseaux sociaux, 26 %, et encore moins d'internautes faisant des achats en ligne, 14 %, ont le sentiment de maîtriser totalement l'utilisation qui est faite de leurs données.
A l'heure des réseaux sociaux, des smartphones, qui nous recommandent des restaurants à proximité de l'endroit où nous nous trouvons, et des cartes à puce qui contiennent nos données médicales, nos moindres faits et gestes laissent des traces numériques. Dans le « meilleur des mondes numériques », il nous faut un ensemble de règles solide pour protéger nos données. En Europe, l'adoption de la directive de 1995 relative à la protection des données avait marqué une étape importante pour la protection effective des données à caractère personnel et de la vie privée. Cependant, les disparités nationales dans sa transposition ont abouti à des écarts de protection en fonction de l'Etat membre de résidence ou d'achat des biens et des services. Une modernisation des règles en vigueur s'impose donc : celles-ci remontent en effet à une époque où les flux de données sur Internet étaient encore très limités et où le fondateur de Facebook n'était âgé que de onze ans.
Afin d'assurer une protection plus effective des données à caractère personnel, la Commission européenne proposera prochainement une réforme qui aboutira à un ensemble unique de règles en matière de protection des données, couvrant les 27 Etats membres de l'Union européenne. Ces règles de l'UE s'appliqueront dans le cas où des entreprises traitent des données à caractère personnel à l'étranger ou proposent des services à des citoyens de l'Union. Vous disposerez d'un accès aisé aux données vous concernant et serez en mesure de les transférer d'un prestataire de services à un autre. Vos photos, vidéos et contacts resteront votre propriété et ne deviendront pas celle de l'entreprise que vous aurez choisie pour publier votre profil en ligne. Si vous demandez vos données, celles-ci vous seront transmises dans un format couramment utilisé vous permettant de choisir facilement un autre prestataire de services. Il s'agit de garantir une concurrence loyale.
Avec le « droit à l'oubli numérique », vous serez mieux armé face aux risques que présente l'environnement en ligne pour la protection des données. Si vous ne souhaitez plus que vos données fassent l'objet d'un traitement et si aucun motif légitime ne justifie plus leur conservation, vous pourrez demander leur effacement. Ces nouvelles règles insistent aussi sur le fait que, lorsque vous consentez au traitement de données vous concernant, il doit s'agir d'un consentement explicite et pris en toute connaissance de cause. En cas de vol, perte ou utilisation abusive de vos données, vous devrez en être informé sans délai, et pas au bout d'une semaine.
Pour les entreprises, ces nouvelles règles seront synonymes de moins de paperasserie et d'une plus grande sécurité juridique. Les organisations auront un interlocuteur unique en matière de protection des données : l'autorité de contrôle nationale de l'Etat membre où est situé leur établissement principal.
Les citoyens de l'Union pourront se fier à l'environnement numérique et profiter sans hésiter des avantages qu'offrent les achats en ligne, les nouvelles technologies et le partage d'informations avec des amis aux quatre coins du monde. Votre pays de résidence ou le pays où se trouve le serveur ou le siège social d'une entreprise n'auront plus aucune incidence. Ce renforcement de la confiance permettra, quant à lui, aux entreprises de se développer, de tirer parti du marché intérieur et de mieux servir les consommateurs dans toute l'Europe.
Viviane Reding est vice-présidente de la Commission européenne

http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0201946075279-pourquoi-nous-reformons-la-protection-des-donnees-numeriques-301601.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20120314-[s=461370_n=9_c=907_]-409905656@1

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