mardi 26 juillet 2011

“La pénurie de cadres en France va tirer les salaires vers le haut”

Le 18/07/2011 05:00

 “La pénurie de cadres en France va tirer les salaires vers le haut”
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Selon Antoine Morgaut, directeur Europe du cabinet robert Walters, les DRH vont devoir à nouveau se battre s’ils veulent attirer les meilleurs.

Management : Vous prédisez une embellie salariale pour les cadres français en 2011 et 2012. La crise est finie?
Antoine Morgaut : Les départs de seniors se sont accélérés et les entreprises n’ont pas ou peu recruté. Comme l’horizon économique semble s’éclaircir, les besoins en nouvelles recrues se font de plus en plus pressants. En 2008, le taux d’encadrement était de 18%. En 2015, il sera de 23%. Or la France ne produit pas assez de cadres au regard de ses besoins. Ce qui est rare étant cher, cette pénurie va se traduire, dans les deux ans à venir, par une hausse des salaires comprise entre 5 et 10%. Elle bénéficiera aux jeunes diplômés, mais surtout aux managers justifiant de quatre à huit années d’expérience.

Management : A condition qu’ils se décident à faire jouer la concurrence, en allant postuler ailleurs...
Antoine Morgaut : C’est le problème. En France, le taux de mobilité des cadres est trop faible : 7% seulement, contre 20% en moyenne dans les pays comparables au nôtre. Le cadre français reste traumatisé par le spectre du chômage, vécu comme une exclusion et non comme un événement de la vie, à la façon américaine. Résultat : il bâtit sa carrière pour minimiser ce risque. Et même s’il n’aime pas son job, il rechigne à se mettre sur le marché, par peur que son employeur l’apprenne et lui en tienne rigueur.

Management : La perspective de gagner plus suffit-elle à le faire bouger?
Antoine Morgaut : Le montant du salaire fixe pèse pour 50% dans son choix. Mais des éléments immatériels s’y ajoutent : l’intérêt du job, le confort de travail, la localisation... Je suis d’ailleurs très réservé sur la mode actuelle qui pousse les entre­ prises à quitter les grandes villes pour la banlieue. L’argument financier – des loyers moins chers – ne tient pas compte des coûts induits : motivation en berne, dégradation de l’image corporate, difficultés à attirer de nouveaux talents... Nous le voyons bien dans les missions qui nous sont confiées : deux candidats sur trois qui travaillent à Paris ou en première couronne refusent de s’excentrer davantage.

Propos recueillis par Arnaud Bouillin

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